Je ne savais pas qu’elle me taquinait par sa beauté. Houleymatou avait grandi dans un village situé à l’Est de la ville Labé. Après avoir décroché son brevet d’études du premier cycle (BEPC), elle fut envoyée chez sa tante paternelle pour y poursuivre ses études. Elle était de teint clair avec les cheveux longs et était jolie. Sa tante travaillait dans un hôtel dont j’ignore le nom puisque les choses qui ne peuvent pas être dites ne méritent pas de nom.
Voilà comment cette triste histoire a commencé dans une euphorie. C’était au mois d’octobre à l’aube de l’ouverture des classes. Ce lundi matin était un jour parmi tant d’autres. Nos montres affichaient 7 heures 30 minutes, j’étais avec mes amis dans la cour de l’école. J’ai vu arriver cette belle villageoise, tout la distinguait des autres filles de l’école. Elle avait le complexe, c’était clair. Un seul regard, je me suis retrouvé épris d’elle. Je ne pouvais plus me contenir désormais, il me la fallait. Je peux mettre ma main à couper que beaucoup d’entre vous ont vécu cette histoire, mais en silence.
Brusquement et sans arrière-pensée me voilà auprès d’elle en lui serrant la main tout en saluant avec des gestes provocateurs, la mettant dans une certaine aise. Mes amis en étaient sans voix. Deux jours après, mes amis ne comptaient plus et pour moi, il n’y avait que Houlay que je croyais sérieuse.
Je lui ai déclaré ma flamme qu’elle accepta cimentant notre relation. On était comme cul et culotte partout ensemble, notre romance s’imposait comme un signe du destin. Restaus, clubs de nuit, je mis le paquet pour lui rendre ma compagnie agréable au point où il m’arrivait de brader des objets pour trouver l’argent .
Progressivement, elle se fit une autre raison à savoir qu’elle était une fille trop classe. Pour moi, son amour était une aumône. Puis elle prit son courage et me signifia que son temps ne lui permettait plus de me suivre.
Un samedi matin à 7 h 30, elle m’avoua qu’avec moi, elle n’avait pas d’avenir et que mon attachement à elle était comme une entrave à ses projets. Ces mots m’ulcérèrent et me firent regretter mon attitude envers mes amis. Un mois après elle commença à s’afficher avec un business man roulant dans un rutilant 4×4 aux vitres fumées. J’en étais mortifié, mais c’était une leçon.
La vie nous fait des blagues. Elle nous fait croire qu’on est aimé, mais avec le temps, on s’aperçoit que ce n’était que mirage, illusion, un grain de sable dans le désert des incertitudes. Je fis le deuil de mon amour déçu.
Houleymatou commença par sécher les cours au profit des hôtels, restaurants et autres clubs de nuit avant de disparaître des radars. Cinq mois après, un ventre lui avait poussé, pendant que son mec, mon rival avait été mis aux arrêts pour trafic frauduleux de produits illicites. Et Pourtant, sa tante était de revenu modeste qu’allait-elle devenir à présent ?
Mamadou Bah