Dans les confins perdus de la préfecture de Mali à 557 kilomètres de la capitale Conakry, Loppoy, notamment, vit un homme, il est passé par l’armée la coloniale où il a été moulé et qu’il a quitté à la naissance de la Guinée indépendante pour venir s’engager dans le pays qui l’a vu naître. Mais hélas, les nouveaux maîtres du pays l’ont mis à l’écart lui et presque tous ses camarades de l’époque.

Du soldat solide, il ne reste plus qu’un regard déterminé caché derrière des lunettes correctrices, une prestance altière et les mots mémorisés et solidement ancrés dans son cœur et son cerveau : « Mamadou Souaré, dit sergent Loppoy parachutiste colonial, 2e classe, numéro matricule 45 157.» Voilà comment l’homme a ouvert l’entretien, avec une formule qu’il maîtrise comme la profession de foi. Il avait été incorporé le 24 août 1953 et a passé deux ans dans l’infanterie coloniale et trois autres ans l’armée de l’air comme parachutiste.

Les sauts réglementaires, le sergent les a effectués avec succès et s’en est tiré avec un brevet : « Quand on nous a dits que la Guinée avait accédé à son indépendance en 1958, à la suite du non, nous sommes revenus. Nous nous sommes embarqués à Alger pour Bamako où nous avons pris un repas avant de revenir à Conakry à 4 h du soir. On a postulé pour notre intégration dans la nouvelle armée guinéenne, mais on ne nous a pas pris. De tous les stages que j’ai suivis, j’étais dans le trio de tête et j’ai obtenu valablement mon brevet dans les 6 sauts, 5 sauts la journée et 1 saut de nuit. Le général Ville est venu de Paris jusqu’à Dakar Thiès pour nous décorer le 15 janvier 1955. Nous n’avons pas eu de pension, la hiérarchie européenne est venue à deux reprises et nous a dits à l’occasion que pour mériter une pension nous devons faire Alger quatre-vingt-dix jours malheureusement, nous n’y avons fait qu’un mois. »

Combien de rescapés de l’armée coloniale ou d’anciens combattants ont-ils été écartés sans raison valable de l’armée guinéenne à sa naissance ? On ne le saura jamais avec exactitude.
Quoi qu’il en soit l’octogénaire continue sa progression vers son siècle d’une vie bien remplie du dessein d’avoir voulu défendre la patrie même si cette occasion lui a été refusée.

Ousmane K. Tounkara

Les Villageois 2.0

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