Dans un sens général, en Afrique, les noms ont toujours eu un sens. Cette portée est axée sur une croyance, une espérance ou un souhait. Avant l’arrivée des conquérants musulmans qui ont répandu l’islam en Afrique noire, les noms étaient assez originaux, Seydi, Seri, Kikala, etc.

Dans les familles peuhles d’avant chaque enfant selon son rang de naissances portait un nom de l’ainé au 7e. L’ainé s’appelait toujours Hammadi quand c’était un garçon et Dikko pour une fille, Samba pour le deuxième ou Koumba pour une fille puis suivait Demba ou Penda, Yero ou Dada, Pathé ou Takko, Njobbo ou Dikkodhimmo. Si en exemple; je suis le premier-né de mes parents, je m’appelais Hammadi et mon premier-né, s’il était mâle s’appelait Hammadi Hammadi .

Avec l’arrivée de l’islam, les noms ont pris une coloration arabe à forte dose avec Mamadou pour Mahomet ou encore le nom de ses compagnons : Othman devenu Ousmane, Omar, Aboubakr ou Ali. Mais Toutefois malgré cette influence religieuse, les peuhls ont conservé la tradition de certains noms. Par exemple, lorsqu’une femme accouche d’un jumeau, le geste d’après qu’il soit de sexe masculin ou féminin s’appelle Sadio. On lui donne un prénom auquel on rajoute Sadio. La mère d’un geste multiple est appelée ‘’nene foune’’ et tout comme ses enfants et celui qui vient après eux, un certain pouvoir de guérison lui est attribué.

Au Fouta Djallon, quand une femme perd geste après geste sa progéniture, l’enfant qui naît après plusieurs échecs est placés dans ses langes dès son premier vagissement et une vieille multipare vient simuler un rapt, dans ce cas on appellera le nouveau-né ‘’Hothia ‘’ c’est-à-dire celui qu’on a ramassé ; il se peut aussi que l’enfant né après plusieurs décès prématurés ou avortements se fasse appeler ‘’Angnaa’’ en pular celui qu’on déteste. Dans la philosophie peuhle personne ne s’occupe de celui qui est détesté, pas même les mauvais yeux et autres sorciers.

Dans certaines familles à la naissance d’un enfant pour son baptême, on allie tradition ante islamique et tradition mahométane. Dans ce cas, on donne à l’enfant un nom arabe auquel nom, on rajoute Tely.
Tely étant le nom d’une plante particulièrement toxique dont le nom scientifique est : erythrophillum guineansis. Cette identification du nouveau-né au végétal que nul n’ose attaquer est un souhait d’immunité. Exemple : Dalanda Tely. Aussi, au Fouta Djallon, certaines catégories sociales se changent en nom éclipsant le vrai nom du porteur. Dans cette logique, les forgerons se font appeler Bailo, les cordonniers Garanké, le sculpteur labbo, etc.

D’autres évènements heureux comme la fin des études coraniques pouvaient correspondre à une naissance sous le toit d’un candidat au couronnement religieux, dans ce cas le fils ou la fille à naître pouvait s’appeler Tafsir ou Tafsiratou selon son sexe. En arabe, le terme signifie l’exégèse.

Deux autres appellations sont très fréquentes au Fouta Djallon, il s’agit de Thierno et d’Alfa.
Le premier est un titre qu’on obtient après avoir atteint l’ultime stade de la connaissance coranique. Et le second un titre que portaient les chefs de provinces. Une chose dans l’autre les chefs des anciennes provinces étaient souvent de grands doctes religieux.

De nos jours, la présence de ces titres sur la plupart des noms est due au fait que la plupart des enfants portent le nom d’un aïeul qui lui est Alfa ou Thierno par mérite.

Ousmane Tounkara

Les Villageois 2.0

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2 comments on “Les noms et leur signification au Fouta Djallon

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