Dans une cour située en bordure de mer entre Kipé et Taouyah, régnait un silence grandiose dans un calvaire absolu. C’est dans cette fameuse cour qu’Aminatou âgée d’une dizaine d’années qui servait de bonne pour Madame Cissé, menait une vie pénible. Nous vivons dans un monde où la dignité humaine n’est plus considérée et les enfants sont assujettis à toutes les formes de torture, de barbaries et de violences.

A l’instar des autres soirées, Aminatou devrait terminer sa pire journée où son imagination profonde flirtait avec pitié. Comme toujours, après avoir passé toute la journée à travailler avant de se coucher, elle devait faire le lit de ses patrons, laver les bols, repasser les habits, vérifier que toutes les choses sont en place avant de rejoindre son lit qui se trouvait dans une minuscule chambre.

C’est dans l’espoir d’avoir un travail pour subvenir dignement à ses besoins qui l’avait poussée à braver la route de l’aventure, l’obligeant à déserter son village pour le mirage de la ville. Elle rentrait tard pour un enfant de son âge. Sa maîtresse exigeait d’elle de se lever à 4 heures du matin pour aller vider la poubelle derrière les rails. En plus, il lui fallait laver les deux terrasses, balayer la cour, arroser les plantes et faire tous les travaux qu’ordonnaient sa patronne en seulement deux tours d’horloge. Cette masse de travail était le moins qu’on puisse dire « énormissime » pour une fillette de 10 ans.

Pourtant ces pratiques sont devenues monnaie courante en Guinée. Le bas peuple ne mérite-t-il pas un peu de bonheur ? C’est dans cette triste réflexion qu’Aminatou dormit, incapable d’honorer les exigences de son impitoyable maîtresse.

A 7 heures du matin, constatant que rien n’avait bougé, c’est une voix puissante qui cingla les oreilles de la pauvre enfant, accompagnée d’injures, l’arrachant séance tenante à son sommeil et sans faire sa toilette, elle s’attela au travail. Comme les autres matinées, c’était un nouveau jour plus dur qui pointait à l’horizon. Madame Cissé éclata de colère noire pour une deuxième fois contre la pauvre.

 

Quelle cruauté, contre une enfant ?

La petite se mit à la corvée. Il fallut commencer par vider la poubelle, faire la lessive et préparer le repas sans rien avaler. Malgré tout le cœur qu’elle y mettait, elle n’échappa point à la colère maladive de sa patronne qui la couvrait d’injures. Sans aucune pitié, Madame Cissé lui demanda si elle avait fait monter l’eau au deuxième étage. Sa réponse fut non ! Elle s’emporta à nouveau.

Alors que le « salaire » de la jeune fille n’atteignait même pas la moitié du SMIG (salaire minimum garanti est de 440 000 francs guinéens soit un peu moins de 44 euros). Excédée par tant d’injustices, tant de sévices et abattue au dernier degré, elle couva l,’idée de se sortir de ce guêpier, il fallait qu’elle parte…

 

Par Mamadou Bah

Les Villageois 2.0

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