Depuis 1990, la Guinée consacre le mois de juin de chaque année comme « mois de l’enfant guinéen ». Une attention particulière est accordée à la situation de l’enfant et de la mère. C’est ce mois qu’a choisi aussi la blogueuse/slameuse Saran Diakhaby pour s’insurger contre l’abandon d’enfants qui est devenu un phénomène sociétal révoltant.
J’aurais pu être cet homme solide
Qui aurait pris soin de vous, au lieu de ça,
Tout seul, dans la rue j’endure
J’aurais pu être cette femme prude
Courageuse qui aurait accomplie toutes les tâches ménagères
Mais je suis à la merci de la nature.
J’aurais pu être cet enfant aimé de tous,
Seulement par votre faute,
J’ai le cœur rempli de sutures.
J’aurais pu être l’espoir de ce pays
Mais je me retrouve à errer dans les couloirs de la rue
Je suis ce mendiant mal vu
Tant de fois obligé de voler
Tout juste parce que vous avez ainsi injustement décidé de mon sort
J’aurais pu être votre centre d’attraction
Hélas, je suis livré à toutes sortes de mauvaises actions
J’aurais pu avoir une vie paisible
Par votre faute la mienne est illisible.
Je suis cet enfant exposé sous le soleil bouillant
Sous cette pluie qui frappe sans pitié accompagnée d’ouragan
Ma vie est dédiée à cette rue qui me laisse sans identité.
Je suis cet enfant dont la fleur a été arrachée de force
Abandonné, mineur sans maturité je reste sans défense
Quelles sont ces mères qui conçoivent, se battent entre la vie et la mort
Pour donner naissance et abandonner à ce monde farouche
Cruel, nuisible le fruit de leurs entrailles.
Mères monstrueuses !
Mères furieuses et tueuses !
Contre vous mes vers se déchaînent
Que j’ai peur de cette espèce humaine
Qui a une pierre à la place du cœur
Ces mères qui commettent le péché pire que celui originel
Qui forniquent ou commettent l’adultère
Avant de se faire avorter comme on se départirait d’une postiche.
J’ai mal parce que l’humanité se meurt
Dites, les femmes sont-elles devenues une denrée rare
Les mères- courageuses où êtes-vous ?
J’ai envie de marcher pour aller retrouver cet amour perdu
Et ce sacrifice de haine qui grandit
Dieu ! Fais- nous miséricorde !
Quand on prend le chemin des illuminés de Satan
Quand comme des peuples déchus on sacrifie nos enfants
Qu’aurons-nous à dire dans cent ans ?
Que nous avons presqu’été parents ?
Mais que la chair de notre chair on l’a honteusement perdu
Ne faites de personne un enfant abandonné
Comme un autre, il a les mêmes droits, il est divin!
Saran Diakhaby